Dans le cadre de la crise du Covid-19, nous avons décidé de donner la parole aux « dircoms » des universités et grandes écoles. Ils nous apportent leur témoignage sur la gestion de cette situation inédite et nous livrent quelques conseils.
Yvan Boude, directeur de la communication du Cnam et du Musée des arts et métiers.
1/ Comment la communauté de votre établissement (étudiants, personnels, enseignants-chercheurs) a-t-elle réagi aux mesures de fermeture annoncées le 12 mars dernier ?
Difficile de répondre à cette question… puisque nous n’avons que très peu de retours pour l’instant, positifs ou négatifs. Mais nous avons eu la chance de pouvoir un peu anticiper les choses puisque la cellule de crise a été activée très tôt, bien avant la fermeture. Nous avons donc pu avoir une communication très progressive et très pédagogique sur les mesures prophylactiques par exemple.
2/ Quel est votre rôle pendant la crise que nous traversons ? Avez-vous mis ou allez-vous mettre en place des dispositifs de communication particuliers ?
Il faut à mon avis distinguer deux volets. D’une part, ce qui relève de la communication de crise classique où nous avons été sollicités très tôt et pour laquelle nous avons créé des outils spécifiques (une newsletter interne, une FAQ, des visuels…) et des contenus originaux comme une réunion d’information virtuelle autour d’Arnaud Fontanet, professeur du Cnam [Professeur titulaire de la chaire « Santé et Développement » au Cnam, directeur de l’Unité d’Épidémiologie des Maladies Émergentes à l’Institut Pasteur, NDLR], et de l’équipe de direction. Grâce à la mobilisation de l’équipe, nous avons aussi été en capacité de communiquer sur l’évolution de la situation (mise en place des mesures barrières, fermeture aux publics puis aux personnels, restrictions progressives des accès, mise en place du PCA et du PCP…) en temps réel sur l’ensemble des canaux, aussi bien à l’interne qu’à l’externe. D’autre part ce qui relève de la communication durant la crise – ce que la communication peut faire pour accompagner intelligemment toutes celles et ceux qui sont confinés chez eux. Pour ce volet nous avons lancé l’opération « Restez chez soi avec le Cnam ». Le principe est simple : offrir chaque jour à 15h un contenu original qui selon le jour de la semaine permet de découvrir les coulisses du Conservatoire, de s’informer, de méditer, de jouer, de voyager dans le temps ou l’espace, d’approfondir un sujet de société ou, tout simplement, de s’émerveiller. Toute l’équipe, et même au-delà, se mobilise sur ce projet qui fait partie intégrante de notre manière d’appréhender la communication : informer certes, mais aussi créer du lien et du sens.
3/ Comment s’organise actuellement le travail de votre service communication (télétravail, congés, chômage partiel) ?
Presque toute l’équipe est en télétravail et, même si cette modalité ne fait habituellement pas partie de nos pratiques, tout le monde est sur le pont ! Nous avons recréé un plateau numérique avec des bureaux virtuels par projets ou missions, où chacune et chacun se connecte, pour l’instant, quotidiennement. Nous essayons aussi de garder à minima deux réunions par semaine en visioconférence avec l’ensemble des membres de l’équipe. Ce qui est assez folklorique à 20 personnes mais aussi productif que sympa, et permet surtout de conserver un lien important en ce moment.
4/ Quel type de projets avez-vous dû reporter ? (campagnes, événements majeurs…)
Pour l’instant nous n’avons rien reporté sauf bien entendu tout ce qui concerne les événements qui étaient prévus autant au Cnam qu’au Musée des arts et métiers : journées portes ouvertes de l’Intec ou du CFA du Cnam, cycle de conférences, festival Paris Music… et même une exposition qui devait être inaugurée lundi 16 mars. Les autres projets se poursuivent en tout cas pour l’instant.
5/ Quels conseils donneriez-vous à vos homologues ?
Cette période inédite et dramatique offre paradoxalement de réelles opportunités pour les communicants. D’une part, c’est souvent dans un contexte de crise que la communication est appréhendée par nos proches et nos collègues non plus comme la direction « des petits projets sympas et sexy » qui ne servent globalement pas à grand chose mais comme une entité stratégique dont les missions et les actions sont essentielles. D’autre part, c’est aussi l’occasion de mieux faire connaître certaines de nos missions, notamment celles liées à la diffusion de la culture scientifique et technique. Les établissements d’enseignement supérieur et les laboratoires de recherche sont de grandes fabriques de savoir et portent la responsabilité sociétale de nourrir le débat public, de décrypter l’actualité, de lutter contre le désordre informationnel… Comme nous sommes toutes et tous appelés à rester chez nous, nous avons plus de temps pour apprendre, découvrir, s’informer… et la #ComPublique doit se mobiliser pour fournir des contenus éditoriaux répondant à cette problématique. Enfin, cette période offre aussi l’opportunité aux directions de la communication d’être créatives et innovantes, car elles fonctionnent toutes sur un mode dégradé. Il faut sans cesse trouver de nouvelles solutions à des problèmes qui ne se posent pas habituellement. C’est un vrai challenge qui sera certainement bénéfique dans nos vies personnelles et nos pratiques professionnelles à plus long terme.
Suivre Yvan Boude sur Twitter : @YBoude