A l’occasion de la sortie du film « Marie Curie », nous ne pouvions faire l’impasse sur celle qui est encore considérée comme la plus grande enseignante-chercheuse de tous les temps. Loin d’avoir la prétention de rédiger une biographie exhaustive sur la vie de cette femme et féministe extraordinaire, nous voulions simplement lui rendre hommage à notre façon. Car Marie Curie, Marya Salomea Skłodowska de son nom de naissance il y a 150 ans, a marqué le monde de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche comme personne.
Alors que les études supérieures sont interdites aux femmes en Pologne, elle se rend non sans mal en France pour intégrer la Faculté des Sciences de l’Université de Paris et faire ses premiers pas dans l’ESR français. Elle y obtient une Licence de Sciences Physiques en 1893, sortant major de promotion, puis de sciences mathématiques en 1894, se classant seconde.
Agrégée en 1896, elle soutient sa thèse consacrée à « l’étude des rayonnements produits par l’uranium » en 1903 qu’elle prépare à l’Ecole municipale de Physique et de Chimie industrielle (devenue aujourd’hui ESPCI Paris ). Elle est par ailleurs chargée de conférences de physique à l’Ecole normale supérieure d’enseignement secondaire des jeunes filles (aujourd’hui Ecole normale supérieure devenue mixte par une fusion en 1985).
En 10 décembre 1903, elle obtient le prix Nobel de Physique, qu’elle reçoit conjointement avec son mari Pierre et Henri Becquerel pour leur recherche commune sur les phénomènes de radiation. Elle est la première femme à recevoir ce prix international prestigieux. Selon les archives du Comité Nobel, Marie Curie n’était pas mentionnée à l’origine et il a fallu l’intervention de son mari pour que son nom soit ajouté !
Marie Curie, Pierre Curie et Henri Becquerel dans les locaux de l’Ecole municipale de Physique et de Chimie industrielle.
Elle devient ensuite la première femme directrice d’un laboratoire universitaire et la première professeure à « la Sorbonne ». On retiendra cet extrait magistral de sa leçon inaugurale en 1906 : « C’est une grande victoire féministe que nous célébrons ce jour. Si la femme est admise à donner l’enseignement supérieur aux deux sexes où sera la prétendue supériorité de l’homme mâle ? En vérité je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains ».
Marie Curie pendant sa leçon inaugurale à la Faculté des Sciences de l’université de Paris.
Nommée professeure titulaire de la chaire de Physique de l’université de Paris, elle reçoit le prix Nobel de Chimie en 1911 pour la découverte du radium et du polonium. Elle est la première scientifique à recevoir deux prix Nobel pour ses travaux. Ils ne sont que quatre dans le monde à avoir aujourd’hui réussi ce doublé.
En 1914, elle codirige l’Institut du Radium qui réunit les compétences son laboratoire de physique-chimie et le laboratoire Pasteur. L’Institut du Radium deviendra l’Institut Curie en 1970.
Très engagée pendant la Première Guerre Mondiale, elle invente les célèbres « petites Curies », des ambulances radiologiques et chirurgicales et se rend régulièrement sur le front avec sa fille Irène (qui recevra également un prix Nobel de Chimie en 1935 !).
Les fameuses « petites curies ». 18 exemplaires ont ainsi été construits secourant plusieurs milliers de blessés pendant la Grande Guerre.
Elle poursuit ensuite ses travaux au sein de l’Institut du Radium bénéficiant d’une des premières campagnes de fundraising portée par la journaliste Marie Meloney qui réussit à collecter plus de 100 000 dollars US auprès des femmes américaines.
En 1922, elle s’engage aux côtés d’Albert Einstein dans la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations, dont elle sera même Présidente de 1930 à 1931. Le célèbre physicien, également nobélisé, la félicitera : « vous êtes la meilleure parmi les femmes ». Elle lui répondra amicalement : « Et aussi parmi les hommes ! ».
Marie Curie a été la seule femme siégeant au sein de la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations.
Marie Curie s’éteint en 1934 des suites d’une leucémie, conséquence de ses travaux sur la radioactivité. D’abord inhumée à Sceaux auprès de son mari mort d’un tragique accident en 1906, le couple est transféré au Panthéon le 20 avril 1995 à la demande de François Mitterrand. Marie Curie devenait ainsi la première femme à y entrer.
Aujourd’hui, 360 écoles, collèges et lycées portent son nom en France. De même dans l’Enseignement Supérieur et de la Recherche à l’instar notamment de :
- l’université publique de Lublin en Pologne
- l’ex-université Pierre et Marie Curie à Paris (devenue Sorbonne Université, lire notre note)
- le Centre Hospitalier Universitaire de Charleroi
- une cité universitaire à Poitiers
- les amphithéâtres du Pôle de Formation sur la Recherche et la Santé à Caen et de l’université Lyon 1
- la bibliothèque de l’INSA Lyon
- la Marie Curie Fellowship Association, programme d’aide à la mobilité géographique pour les jeunes chercheurs européens
- et bien d’autres !
Logo de l’université Marie Curie de Lublin en Pologne.
Aller plus loin…
Le musée Curie est consacré à ses travaux et sa vie dans les anciens locaux de l’Institut du Radium.