11h11 – La Newsletter Du Mois De Campus Com – Édition spéciale « Vulgarisation scientifique »

Bienvenue dans la nouvelle édition 2024 de notre newsletter 11h11 !
Nous avons le plaisir de parler com’, vulgarisation scientifique et fake news avec une invitée aux mille et un visages. Nous vous présentons Océane Sorel, que vous connaissez peut-être (sûrement ?) sous le pseudo de The French Virologist sur Instagram, TikTok, YouTube, en librairie et désormais dans sa newsletter « Au Microb’scope » sur la plateforme Substack. Cette chercheuse en virologie a attrapé un virus qu’on aime beaucoup pour une fois, celui de la vulgarisation scientifique (et des déguisements) !

1# Océane, vous êtes chercheuse… avec un double doctorat en médecine vétérinaire et virologie-immunologie et travaillez dans un labo privé biotech en Floride. Comment une double doctorante se retrouve-t-elle sur les réseaux sociaux à parler virus et à traquer les fake news, affublée de déguisements tous plus improbables les uns que les autres ?! Pouvez-vous nous raconter l’histoire qui se cache derrière « The French Virologist » ?

Océane Sorel : J’ai commencé mon compte Instagram « The French Virologist » quand les premiers vaccins contre le Covid ont été mis sur le marché. C’était donc en janvier 2021. Il y a eu beaucoup de désinformation et de fake news autour de la mise sur le marché de ces vaccins et beaucoup d’inquiétudes. J’avais des membres de ma famille et des amis qui venaient régulièrement me poser des questions en messagerie sur mon Instagram privé, absolument pas dédié à la virologie mais à mes photos de famille, à notre expatriation aux États-Unis, etc.

J’ai donc commencé à répondre à tout le monde en message privé mais c’est devenu rapidement compliqué au regard du nombre de réponses à donner ! C’est à ce moment-là que je me suis dit que ça devenait vraiment trop compliqué à gérer.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de créer un compte public sur Instagram, « The French Virologist », dédié à la vulgarisation. Mes premiers posts tentaient de débunker chaque mythe autour des vaccins contre le Covid. Au début, c’était évidemment très axé Covid, puisque nous étions en pleine pandémie. Et puis après, petit à petit, j’ai étendu mon contenu à d’autres maladies infectieuses parce qu’il y avait en fait un besoin énorme d’information du grand public autour de plein de sujets autres que le Covid.

Je produisais des posts « écrits » et des infographies, puis j’ai commencé à créer des vidéos plutôt humoristiques – avec des accessoires et des déguisements – et de fil en aiguille, ça a très vite pris, le compte a gagné de plus en plus de followers. J’ai atteint 70 000 abonnés, 4 mois à peine après la création du compte !

  

2# Lors de votre intervention sur « La vulgarisation sur les réseaux sociaux. Moyen de lutte contre la désinformation » à l’occasion d’une conférence de la Fondation Descartes (séquence à 5:44:19), vous avez évoqué l’utilisation de l’humour pour combattre la désinformation et rendre la science plus accessible. Selon vous, est-ce que la difficulté de vulgarisation scientifique en France est liée à une certaine réticence culturelle, ou les chercheurs eux-mêmes rencontrent-ils des obstacles pour simplifier et partager leur savoir ? 

O.S. : L’humour est mon arme de choix dans la bataille contre la désinformation, car les sujets sérieux peuvent vite devenir rébarbatifs. Je l’avoue, les cours magistraux n’ont jamais été mon fort. J’ai toujours eu une préférence pour l’apprentissage autonome, loin des amphis. À une époque où la vulgarisation scientifique se faisait rare, et souvent de manière peu engageante, j’ai choisi de prendre un chemin moins traditionnel.

La réception de la vulgarisation n’a pas toujours été positive, surtout dans le milieu académique où certains pouvaient nous voir plutôt comme des clowns. Mais les temps changent, notamment grâce à l’explosion des réseaux sociaux. Ma participation à la conférence de l’Académie de Médecine organisée par la Fondation Descartes a été un moment révélateur : des professeurs bien au-delà de ma génération m’ont félicitée, reconnaissant l’importance de se connecter avec un public qu’ils n’atteignent pas forcément eux-mêmes.

Le défi, pour nous scientifiques, est de briser la barrière de la communication avec le grand public. Trop souvent, nous nous perdons dans les détails techniques, oubliant l’essentiel et laissant notre audience dans l’incompréhension. Cette incompréhension, justement, alimente les inquiétudes et ouvre la porte à la désinformation qui se nourrit de cette complexité de certains sujets, de cette absence de maîtrise et d’expertise pour proliférer et faire dire aux faits n’importe quoi…

La vulgarisation, surtout lorsqu’elle est teintée d’humour et d’originalité, permet ça : établir un pont entre le monde scientifique et le public. Même si les gens ne retiennent que 10% de ce qu’ils entendent, si le message principal passe, c’est une victoire. C’est dans cet esprit que je crée mes contenus, cherchant toujours à rendre la science non seulement accessible mais aussi mémorisable.

Et encore une fois, ce n’est pas parce qu’on vulgarise de manière complètement décalée – ce que je fais -, que l’on n’est pas calé dans le domaine ou que l’on n’est pas en train de partager un message très important.


3# Entre votre compte Instagram et ses +200k abonnés, Tiktok, Youtube, la publication de votre livre et le lancement de votre nouvelle newsletter « Au Microb’scope », vous êtes partout ! Pourquoi avoir choisi de tout démultiplier ? Comment chaque support contribue-t-il à votre mission globale de vulgarisation scientifique ? Les publics/communautés sont-ils très différents d’une plateforme à l’autre ?

O.S. : En réalité, je ne perçois pas cela comme une démultiplication, mais plutôt comme une diversification stratégique. Instagram reste le cœur de mon activité de vulgarisation, tandis que TikTok et YouTube servent principalement à repartager mes contenus Instagram, sans création spécifique pour ces plateformes. Le temps me manque cruellement pour m’investir davantage dans des contenus longs spécifiques à YouTube.

Quant à mon livre, ce fut un véritable défi ! Il m’a fallu un an pour l’écrire, jonglant entre mon emploi à temps plein, ma présence sur les réseaux sociaux, et ma vie de famille. Cette expérience a été enrichissante, mais elle m’a poussée à mes limites en termes de gestion du temps et de charge mentale.

La création de ma newsletter « Au Microb’scope » s’inscrit dans une volonté de ralentir le rythme effréné imposé par les réseaux sociaux, tout en cherchant à générer des revenus me permettant de réduire mon activité professionnelle principale. Cette newsletter partiellement payante est une tentative de monétisation de ma passion pour la vulgarisation scientifique.

Pour moi, chaque plateforme sert un objectif différent dans ma mission de vulgarisation. Si Instagram et TikTok offrent une approche plus divertissante et accessible, la newsletter vise à fournir des informations plus détaillées et pratiques, répondant aux questions du quotidien des gens, basées sur des faits scientifiques solides et non sur des mythes ou des opinions.

Il est vrai que les audiences peuvent varier d’une plateforme à l’autre. Les abonnés de la newsletter recherchent des informations plus approfondies et pratiques, tandis que les followers sur Instagram et TikTok sont peut-être plus attirés par l’aspect divertissant de la vulgarisation. Néanmoins, je crois que ces publics se complètent plutôt qu’ils ne s’opposent.

En fin de compte, mon objectif est de rendre la science accessible et utile au quotidien, tout en trouvant un équilibre me permettant de poursuivre cette passion de manière durable. Cela implique parfois de faire des choix difficiles entre continuer mon métier principal et me consacrer entièrement à la vulgarisation, surtout lorsque l’on considère le caractère gratuit de la majorité de mes contenus sur Instagram. Mes partenariats rémunérés, bien que peu fréquents, sont choisis avec soin pour rester en accord avec mon éthique et ma mission.

 

Question bonus : Vous êtes chercheuse la journée, « vulgarisatrice » scientifique active sur tous les réseaux sociaux le reste du temps, avec une vie de famille à côté. Comment parvenez-vous à jongler entre ces différentes casquettes et à trouver le temps pour tout et rester en permanence inspirée ?!

O.S. : C’est un véritable défi quotidien. Le sommeil est devenu un luxe que je m’accorde rarement, et mon temps libre est une notion presque étrangère à mon quotidien ! Être hyper organisée n’est pas une option mais une nécessité absolue pour moi. L’impression de me rajouter du travail en lançant de nouveaux projets peut sembler paradoxale, mais c’est en réalité une stratégie à long terme qui vise à me permettre de me consacrer pleinement à ma passion pour la vulgarisation scientifique.

Je suis consciente que je pousse mes limites au maximum, et l’idée d’abandonner m’attriste profondément. Cependant, je suis aussi réaliste : si je ne parviens pas à rendre cette activité durable financièrement, je serai forcée de prendre des décisions difficiles. Heureusement, l’ajout récent d’un monteur vidéo à mon équipe m’a un peu soulagée, et me permet de me concentrer sur la création plutôt que le montage.

Pour ce qui est de l’inspiration, elle vient naturellement des questions que me posent les gens. Même si je fais face à des pannes d’idées de temps à autre, la création de contenu reste l’aspect de mon travail que j’apprécie le plus. Chaque question, chaque curiosité exprimée par mon audience est une source d’inspiration inépuisable qui me motive à continuer, malgré les défis.

Retrouver et soutenir The French Virologist sur :
– Instagram / TikTok / Youtube / Linkedin 
– Son site The French Virologist
– S’abonner à sa newsletter « Au Microb’scope » sur Substack 
– Se procurer son livre « Virus, bactéries, microbes tout savoir pour y échapper » aux éditions Marabout


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